La rentrée politique s’annonce sous haute tension. L’appel à « bloquer le pays » le 10 septembre, né sur les réseaux sociaux et désormais relayé par des figures aussi diverses que des souverainistes, d’anciens gilets jaunes ou encore des responsables politiques de gauche, vient percuter de plein fouet le projet de rigueur budgétaire présenté par François Bayrou.

Les raisons : suppression de deux jours fériés, 44 milliards d’euros d’économies, coupes perçues comme inégalitaires ; autant d’étincelles jetées sur des braises sociales qui n’avaient jamais totalement refroidi depuis 2018.

Derrière ce mot d’ordre, c’est moins une organisation structurée qu’une nébuleuse hétéroclite qui s’exprime. On retrouve des militants de l’extrême droite et de l’extrême gauche, des figures du mouvement des gilets jaunes, mais aussi des citoyens sans appartenance politique revendiquée. Leurs colères convergent autour d’un même rejet : celui d’un budget vécu comme une nouvelle cure d’austérité imposée aux classes populaires et moyennes. La suppression des jours fériés agit ici comme un symbole : celui d’un pouvoir qui grignote jusque dans le quotidien des Français.

La comparaison avec les gilets jaunes s’impose d’autant plus que les réseaux sociaux jouent à nouveau le rôle de caisse de résonance. Le hashtag #bloquonstout sature déjà certaines plateformes, tandis que des canaux Telegram fédèrent des milliers de sympathisants. Mais à la différence de 2018, le mouvement se prépare dans un contexte où syndicats et partis politiques — notamment La France insoumise — envisagent eux aussi une rentrée sociale musclée. FO et la CGT ont déjà déposé des préavis de grève. Autrement dit, la contestation ne repose plus seulement sur des collectifs spontanés : elle pourrait trouver un relais institutionnel.

Cet appel au blocage du 10 septembre cristallise une colère diffuse et multiforme. Si l’ampleur réelle de la mobilisation reste incertaine, il n’en demeure pas moins que le cocktail est explosif : une population fragilisée par l’inflation, un plan budgétaire vécu comme une provocation, et des relais politiques et syndicaux prêts à en découdre.

Le gouvernement joue ici une partie risquée : à vouloir serrer la ceinture des Français, il pourrait raviver un feu social dont il n’a pas encore mesuré la puissance.

Dans ce climat électrique, les entreprises devront donc redoubler d’écoute et de dialogue avec leurs salariés, afin de prévenir tensions et fractures internes.