Le Concept de Level Playing Field:

L’Union européenne s’efforce de créer un environnement concurrentiel équitable, ou « level playing field », dans lequel les entreprises sont soumises à des règles et des réglementations communes. Cela comprend des normes environnementales, fiscales, des obligations liées à la sécurité des produits, ainsi que des exigences concernant le travail et les droits des consommateurs. Cependant, lorsque des entreprises extérieures à l’UE, comme les plateformes chinoises, ne respectent pas ces mêmes contraintes, un déséquilibre, voire plusieurs, se crée.

Des prix défiant toute concurrence:

Les entreprises chinoises, en particulier certains géants peuvent proposer des produits à des prix extrêmement bas. Cette compétitivité est due à plusieurs facteurs, notamment le coût de production réduit en Chine, l’utilisation de matériaux de moindre qualité, et une absence de contraintes réglementaires. Les détaillants français et européens, soumis à des normes de qualité plus strictes, des salaires minimums plus élevés, et des coûts d’exploitation accrus, peinent donc à rivaliser.

Livraison ultra-rapide et économique:

Les plateformes chinoises ont perfectionné l’art de la livraison rapide et économique, souvent par avion et sous forme de petits colis. Cela leur permet de réduire les coûts de transport et de contourner certaines taxes et droits de douane. Les entreprises européennes, en revanche, doivent respecter des réglementations strictes en matière de logistique et d’environnement, ce qui entraîne des délais de livraison plus longs et des coûts plus élevés. De plus, ces pratiques de livraison ne tiennent pas compte des préoccupations environnementales croissantes, telles que les émissions de carbone associées au transport aérien.

La Réponse Européenne:

Face à ces défis, l’Union européenne envisage plusieurs mesures pour rééquilibrer le terrain de jeu. Cela comprend la mise en œuvre de contrôles douaniers plus stricts, l’imposition de taxes sur les petits colis provenant de pays non européens, et l’introduction de réglementations environnementales plus robustes.

De plus, l’UE a adopté le Digital Services Act (DSA) qui vise à réguler les plateformes numériques et à garantir la transparence des services en ligne. Cette loi oblige les plateformes à prendre des mesures contre les produits contrefaits, à fournir des informations claires sur l’origine des produits, et à garantir la sécurité des consommateurs. Ces mesures visent à créer un environnement numérique plus équitable pour les entreprises européennes et à protéger les consommateurs contre les pratiques déloyales. Par ailleurs, il est essentiel de sensibiliser les consommateurs européens à l’importance de soutenir les entreprises locales et de choisir des produits fabriqués de manière éthique et durable.

La Réponse Française : La Loi Anti-Fast Fashion:

En plus des initiatives européennes, la France a pris des mesures concrètes pour lutter contre les effets négatifs du commerce électronique sur l’environnement et la société. Les députés français ont récemment adopté une loi anti-fast fashion, reconnaissant que la mode « jetable » encourage une surconsommation de textiles de piètre qualité, souvent portés quelques fois avant d’être abandonnés. Ces textiles finissent dans des décharges, souvent en Afrique, car ils ne peuvent pas être recyclés, contribuant ainsi à des problèmes environnementaux et sociaux majeurs.

La loi anti-fast fashion repose sur le principe du « pollueur-payeur », imposant aux marques d’afficher un « éco-score » basé sur l’impact environnemental de leurs produits. Ce score influencera un système de bonus-malus, où les produits avec un impact plus élevé peuvent être pénalisés jusqu’à 50 % du prix du produit. Le plafond de ce malus augmentera progressivement, passant à 5 euros en 2025 et 10 euros en 2030.

Cependant, il n’est pas sûr que toutes ces mesures soient efficaces, car leur mise en œuvre pourrait s’avérer complexe. Les mécanismes de suivi et de vérification nécessaires pour garantir l’exactitude de l’éco-score et l’application du bonus-malus pourraient être difficiles à mettre en place. De plus, l’interdiction de la publicité pour les marques de fast fashion prévue par la loi, y compris la promotion réalisée par des influenceurs, pourrait rencontrer des obstacles législatifs et juridiques, en plus d’être difficile à contrôler dans un environnement numérique en constante évolution.

Conclusion

Pour faire face à la concurrence des plateformes chinoises, les mesures comme le Digital Services Act et la loi anti-fast fashion ne suffiront pas à elles seules. Ces actions, bien qu’importantes, doivent s’accompagner d’un changement de paradigme qui repose sur une sensibilisation accrue des consommateurs aux impacts environnementaux et sociaux du commerce électronique. Il faudra une approche collective, combinant éducation et politiques audacieuses, pour transformer le modèle de consommation actuel et encourager des choix plus éthiques. Le véritable changement viendra lorsque les consommateurs valoriseront la durabilité et feront des choix informés, orientant ainsi le marché vers des pratiques plus responsables.