La fonction première du cookie, bien souvent perçu comme étant un outil intrusif, quand il n’est pas qualifié d’espion, est de mieux connaître l’internaute, notamment afin d’être en mesure de personnaliser les publicités qui lui sont adressées.

Parce qu’il y a collecte d’informations, et surtout de données personnelles, un consentement est donc exigé.

Cependant, jusqu’à très récemment, la clause d’acceptation des cookies était rédigée de telle façon qu’un refus était dans la plupart des cas bloquant, c’est ce que l’on dénomme le cookie wall.

Dans le système du cookie wall, le consentement de l’internaute est le sésame pour accéder aux pages web souhaitées.

Or, en mai 2020, le Conseil européen de protection des données (EDPB) a indiqué dans ses lignes directrices sur le consentement valide que les cookie walls des sites web ne sont pas un moyen valide pour obtenir le consentement des utilisateurs.

En effet, pour être valide, le consentement doit être librement donné, spécifique, informé et non équivoque quant à l’acceptation par l’utilisateur du traçage de ses données personnelles.

Afin d’être conforme aux dernières exigences réglementaires, les sites internet ont donc modifié la clause d’acceptation des cookies. Ils proposent dorénavant la possibilité d’accéder aux pages web souhaitées sans que l’on soit obligé d’accepter les cookies, et ce, en sélectionnant l’option « continuer sans accepter ».

Aucune statistique sur les choix que font les internautes n’a été réalisée mais la question peut se poser de savoir s’il pourrait y avoir des conséquences au refus d’accepter les cookies.

S’il est difficile d’être d’emblée affirmatif on peut néanmoins considérer que cela devrait entrainer, pour les annonceurs publicitaires, une baisse de visibilité sur les résultats des campagnes publicitaires qu’ils mèneront. Comment savoir si un internaute s’est rendu sur un site ou a réalisé un achat si l’on n’est pas capable de suivre ses connexions ?

Une autre conséquence envisageable, si le refus d’acceptation des cookies prend de l’ampleur, serait la difficulté de pouvoir personnaliser les publicités, ne sachant plus ce que tel ou tel apprécie.

Ce qui est en revanche évident c’est que les enseignes ne voudront pas rester dans le vague et auront besoin de connaître les retours sur investissement de leur campagnes publicitaires et qu’elles seront prêtes à payer pour savoir à qui les destiner.

Comment feront-elles alors ?

Elles n’auront pas d’autres choix que de s’adresser à ceux qui détiennent ces informations, c’est-à-dire les géants du numérique.

Appelés Walled Garden « jardin clos », ils constituent des écosystèmes fermés regroupant les données des différents sites et/ou applications détenus par une même entité. Le paradoxe, c’est que les données que les GAFA détiennent sur leurs internautes sont beaucoup plus fournies que les données relevées par les cookies.

Ainsi donc, ces données pourraient, et c’est là tout le paradoxe d’une mesure initialement prise dans l’intérêt de l’internaute, être vendue à un tiers si l’internaute refuse de livrer à ce même tiers certaines de ses données en refusant les cookies. C’est ce que l’on appelle un retour à la case départ !