Tout comme Gödel établissait dans son premier théorème d’incomplétude qu’il y avait des énoncés qui n’étaient ni démontrables ni réfutables, il n’est pas possible aujourd’hui de dire si la France, du moins au regard de la question des retraites, est prête à être réformée ou pas.

En effet, tout projet de réforme de cette ampleur doit avoir une finalité claire et une stratégie précise pour être menée à bien.

Considérons tout d’abord la finalité. Il s’agit, notamment, d’éviter la faillite du système de la retraite par répartition.

Questions que tout un chacun est alors en droit de se poser : est-ce prouvé ? Quelles sont les propositions pour y parvenir ?

Les réponses, dans leur forme, doivent se faire dans le cadre d’une campagne de communication  contenant des outils de présentation pédagogiques et être l’occasion d’une recherche de consensus.

Le tout dans une communication la moins clivante possible.

Si tout cela avait été fait, et que la situation serait aussi tendue que celle que l’on voit dans le pays actuellement, on aurait pu conclure que le pays n’était pas réformable, en effet.

Seulement, tout ce qui ne fallait pas faire a été réalisé…

La question n’est donc pas de savoir si la France est réformable, mais plutôt comment faudrait-il réformer.

Une entreprise n’est pas un Etat. Il n’y a pas de réquisition (sauf secteur très particulier). Et pourtant beaucoup de sociétés ont mené des transformations importantes, ont signé des PSE ou des accords de performance modifiant à la baisse les conditions de travail des salariés.

De tels accords ont pu être conclus car il y avait une prise de conscience des salariés et de leurs organisations syndicales qu’il n’y avait pas d’autre choix ; que les solutions qui ont été adoptées, à défaut d’être souhaitées, étaient nécessaires.

Si un Etat ne peut être géré comme une entreprise privé, notamment en raison des services publics qui n’ont pas vocation à être lucratifs, en revanche, les rapports humains, eux, sont peu ou prou identiques.

Face aux enjeux de transformation pour nos organisations dans les années à venir, retenons cette leçon. Il n’y a pas de projet disruptif sans adhésion des personnes concernées.