Cet adage, devenu un truisme de nos jours, l’internaute l’a parfaitement intégré, a appris à vivre avec et à s’en accommoder, aidé en cela par la réglementation (RGDP, nouvelles règles pour les cookies et autres traceurs…).

Mais la réglementation protectrice a un peu laissé de côté les entreprises, qui constituent dorénavant la nouvelle « cible » des fournisseurs de services gratuits, avec le risque de se retrouver du jour au lendemain prisonnières d’un système.

De quoi parle-t-on concrètement ? Des services proposés en matière de cloud.

Dans un rapport d’octobre 2020 sur la concurrence dans les marchés numériques, la sous-commission sur l’antitrust de la commission des lois de la Chambre des représentants des États-Unis a répertorié plusieurs pratiques problématiques communément utilisées par les principaux fournisseurs de services cloud.

Ce qui est reproché ? D’après le rapport, certaines pratiques verrouillent la liberté de choix des utilisateurs et biaisent les conditions de concurrence, d’autant plus qu’en raison de contraintes techniques et des frais de sortie appliqués, la portabilité des données dans le cloud demeure un vœu pieux.

Parmi ces pratiques, les offres gratuites, ou « crédits cloud », posent particulièrement question, car elles sont assimilables à du dumping.

Proposées à très large échelle dans l’écosystème numérique européen (ces offres ne sont ni encadrées, ni limitées, ni sujettes à la fiscalité ou soumises à des obligations de transparence), le parlement européen a été saisi d’une question parlementaire, et l’Assemblée nationale de notre cher pays s’intéresse désormais aussi au sujet.

Concrètement, quel est le risque ?

Tout d’abord, tant que c’est gratuit, tout va bien.

En revanche, quand le service devient payant et lorsque la faculté de résiliation du service peut s’avérer compliquer non pas en théorie mais en pratique (coût de transfert des données, infrastructures de système non reproductible chez un autre fournisseur…), rien ne va plus.

C’est ce que l’on appelle le vendor lock-in, ou… comment se faire coincer.

Généralement, les stratégies pour éviter le vendor lock-in se préparent dès le départ tant il est complexe de se repositionner si cela n’a pas été réfléchi en amont.

Donc, avant de se lancer et de voir une généreuse opportunité dans les offres gratuites qui sont faites dans le cloud, il faut idéalement :

  • Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, i.e. avoir plusieurs fournisseurs.
  • Ne pas utiliser de systèmes et de formats propriétaires mais plutôt des normes ouvertes et des logiciels libres
  • Regarder les offres payantes car parfois les conditions de sortie et de transfert des données sont plus faciles à mettre en œuvre.

Comme l’a dit André Mathieu : « On est [toujours] prisonnier des faveurs qui nous sont faites »…